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Nouveaux EPR, l'irresponsabilité en marche, selon Sortir du Nucléaire

Nucléaire, où est la Démocratie? Où est le débat? -AGENDAOU

Communiqué de presse de Sortir du Nucléaire

14 nouveaux EPR ? L'irresponsabilité en marche !
Un projet antidémocratique, hors de prix, et un leurre dans la lutte contre le changement climatique.
Sortir du Nucléaire

Le show d'Emmanuel Macron

Lors d’un show grandiloquent avec une mise en scène gaullienne, Emmanuel Macron vient d’officialiser son intention de construire 6 à 14 nouveaux réacteurs en France dans les décennies à venir, tout en remettant en question les fermetures déjà prévues. Nous appelons à la mobilisation contre cette relance qui, non contente de faire perdurer le risque nucléaire pendant des décennies, constituerait une impasse totale face à l’urgence climatique.
En une dizaine de minutes, le président-candidat a annoncé un programme pharaonique de relance tous azimuts du nucléaire : 6 à 14 nouveaux réacteurs, prolongation de l’ensemble du parc, projets de petits réacteurs modulaires, reprise des études sur la 4ème génération...
En fin de mandat, il réalise ainsi un carton plein pour répondre à tous les désirs de la filière.

Un fait accompli inacceptable

En mettant la population devant le fait accompli de ces annonces, Emmanuel Macron fait preuve d’un immense mépris pour la démocratie.
Cela fait des années que le gouvernement, dans l’opacité la plus totale, menait ses tractations avec EDF en vue de la construction de ces réacteurs. À aucun moment il n’a été envisagé de soumettre aux citoyen·nes ou à leurs représentant·es ces projets, qui relèvent d’un choix de société et enfermeraient notre pays pour encore près d’un siècle dans une voie dangereuse et aberrante[...]

Les nouveaux réacteurs ne sont pas « incontournables », mais une perte de temps face à l’urgence climatique !

De manière mensongère, Emmanuel Macron prétend que ces constructions massives et toutes ces prolongations seraient indispensables pour atteindre la neutralité carbone, « oubliant » que les travaux de RTE (Réseau de transport d'électricité) avaient démontré voici quelques mois que cet objectif pouvait aussi être atteint grâce au 100 % renouvelable et ce sans remettre en question la sécurité d’approvisionnement.
Le bourbier sans fin de l’EPR de Flamanville, ses 11 ans de retard, ses coûts phénoménaux et son avalanche de malfaçons, n’ont donc pas servi de leçon pour que la France décide de reproduire cette sinistre aventure en 14 exemplaires ?
[NDLR: coût initial du projet 3,4 Milliards - coût évalué par la Cour de Comptes en 2020: 19,1 Milliards]
Qui peut sérieusement croire que la filière nucléaire, lourdement endettée, récemment marquée par de multiples affaires de malfaçons et de fraudes et par une perte de compétence et une fragilité pointées par l’Autorité de sûreté nucléaire, se remettrait magiquement en ordre de marche pour fournir autant de réacteurs en temps et en heure, sans défauts, retard ni surcoût ?
Comment peut-il tenir un tel discours alors qu’un document interne de la Direction Générale de l’Énergie et du Climat, dévoilé par le média Contexte.com en octobre, montre précisément que ces nouveaux réacteurs ne pourraient pas sortir de terre dans les délais indiqués, ce qui rend caducs les scénarii reposant sur cette relance?

Un nouveau gaspillage des fonds publics

Tabler sur ces nouveaux réacteurs, lents à construire, vulnérables aux retards et aléas de toutes sortes, revient tout simplement mettre en péril nos échéances d’atteinte de la neutralité carbone ! Il s’agirait là d’une perte de temps impardonnable et d’un inacceptable gaspillage d’argent public, au détriment des économies d’énergie et des énergies renouvelables, dont les coûts sont pourtant bien inférieurs à ceux du nouveau nucléaire.
Alors que nous nous acheminons vers un monde plus incertain, marqué par les phénomènes climatiques extrêmes, l’urgence devrait être de tabler sur un système énergétique sobre, renouvelable et résilient. Pas sur la relance d’une technologie complexe, dangereuse, vulnérable aux aléas et productrice de déchets ingérables (à propos desquels, bien opportunément, il ne touche pas un mot par ailleurs) !.
Où seraient construits ces 14 nouveaux réacteurs ? Sur des littoraux menacés de submersion ? Sur des cours d’eau dont le débit deviendra trop bas?

Des fermetures rayées d’un trait

En un clin d’œil, Emmanuel Macron a ordonné la prolongation de l’ensemble du parc au-delà de 50 ans de fonctionnement, revenant sur les fermetures déjà prévues dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie et prévues par la loi.
Là encore, le mépris total et l’aveuglement prévalent.
Qui peut croire à la faisabilité d’un tel projet, mené en parallèle des nouvelles constructions et exigeant des travaux lourds et inédits sur tous les réacteurs ? Alors qu’EDF a déjà des difficultés à assurer une maintenance correcte de ses installations, que se multiplient les arrêts imprévus de réacteurs [NDLR: 12 réacteurs en arrêt maintenance à cette date] et que la découverte de défauts de corrosion porte déjà la disponibilité du parc à un minimum historique?
Rappelons par ailleurs que les cuves des réacteurs français n’ont pas été conçues pour une utilisation au-delà de 40 ans et que dans le monde, seule une poignée de réacteurs a actuellement dépassé les 50 ans !

Nous refusons d’être condamné·es à la relance du nucléaire !

Emmanuel Macron, président en campagne, n’est malheureusement pas le seul à faire allégeance au lobby de l’atome.
Parmi la majorité des candidat·es à l’élection présidentielle, la surenchère règne : c’est à qui construira le plus de réacteurs petits ou gros, à qui reviendra sur des fermetures déjà annoncées voire tentera de ressusciter des sites déjà fermés, quitte à multiplier les promesses bidons.
La défense du nucléaire tient lieu de totem masquant le vide souvent abyssal de leurs engagements sur l’environnement et le climat.
Cette surenchère apparaît profondément hors sol, alors que l’immense majorité des Français·es, à des degrés plus ou moins prononcés, s’avoue préoccupée par le risque nucléaire et que 58% seraient prêt.es à voter pour une personne engageant le pays dans la sortie du nucléaire.
À quel prix se fera cette relance qui ne bénéficiera qu’aux industriels du secteurs ? En taillant dans quels budgets pour y prélever l’argent public nécessaire ?

Et de finir

Nous appelons à la mobilisation générale contre cette fuite en avant et ce fait accompli. Ruineux, dangereux, perte de temps face à l’urgence climatique, ces projets démentiels doivent être stoppés !

De nouveaux réacteurs? Signez la pétition


Aller plus loin

Cour des Comptes de l'UE : Incohérence entre taxation de l'énergie et objectifs climatiques


Note de la Rédaction:
Parce que l'annonce faite par le Chef de l’État, sur un sujet qui engage le présent, mais aussi l'avenir au long cours du pays, nous a choqué, nous avons pris la décision de publier in extenso le Communiqué de Sortir du Nucléaire.
Le sujet de l'énergie doit faire l'objet d'un débat public dédramatisé, sans fard ni tabou, pour que le peuple souverain donne au final son avis.
Emmanuel Macron n'a aucunement mandat des français pour décider seul.

Philippe Le Roy, pour AGENDAOU

Publié le