Gestion des sédiments de la Rance, l'association Rance Environnement lance un nouveau pavé dans la vase
Le "Fil de la Rance", bulletin d'information de l'association Rance Environnement est paru.
Le bulletin d'information version papier (sur papier recyclé) sera disponible sur le stand de l'association lors de fêtes locales et dans les mairies des bords de Rance, voire certains commerces.
L’action juridique : «où sont passés les millions» ?
Les participants aux Marches des Envasés organisées par Rance Environnement se souviennent bien de ce slogan scandé sur les parcours de bords de Rance tout au long de l’année 2022: « Où sont passés les millions d’Euros » ?
Il s’agissait bien là des millions d’euros dépensés au titre des études diverses et variées, essais, prototypes et autres, qui ont émaillé les quatre premières années du plan quinquennal et abouti, finalement, au volume ridicule de 12 200m3 de vase traitée.
Pour répondre à cette question, l’équipe juridique de Rance Environnement avait adressé en mars et juillet 2022 deux courriers à l’EPTB [ndlr: structure en charge depuis 2018 de la gestion du dossier], demandant explicitement les comptes détaillés des dépenses effectuées durant les quatre premières années du plan quinquennal.
Nos courriers ont fait l’objet d’une fin de non-recevoir de la part de l’EPTB, et nous nous sommes donc tourné, en nous appuyant sur les conseils de notre avocat, vers la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs).
Une réponse de la CADA qui ne manque pas de surprendre
En réponse à la demande qui lui a été adressée, le président de l'Établissement public territorial de Bassin Rance, Frémur, Baie de Beaussais (EPTB) a indiqué à la Commission, par courrier du 28 septembre 2022, que les documents sollicités n'existent pas.
Que comprendre? L'EPTB n'aurait-il donc pas de comptabilité?
5 années perdues
D’une façon plus générale, Rance Environnement estime que les presque cinq années écoulées (celles du plan quinquennal proposé par l'État) n’ont apporté aucun résultat concret, tandis que se poursuivait silencieusement l’envasement de l’estuaire.
Après le temps des palabres , discours et fausses concertations organisées par les pouvoirs publics depuis cinq ans, n’est-il pas temps de passer à la vitesse supérieure, celle d’une action en justice beaucoup plus lourde , qui nécessiterait une approche collective de l’ensemble des acteurs locaux, élus et associations, et probablement des moyens financiers qu’il nous faudra trouver?
Ce sera l’enjeu des prochains mois.
Test de dévasement au Chêne Vert en mars-avril 2023
Un test de dévasement et de dispersion des sédiments en mer a été réalisé sur la période mars-avril 2023. La zone choisie visait à recréer l’ancien chenal latéral, près de la pointe du Chêne Vert, qui avait été ces dernières années entièrement comblé par l’envasement de la zone.
Cette opération devait permettre d’évacuer environ 18 000 m3 de sédiments et de les expulser hors de l’estuaire, à travers les turbines du barrage.
Sur le papier, c’est-à-dire dans les « modèles scientifiques » mis en avant par l’EPTB pour justifier ce mode opératoire, environ 70% des sédiments devaient partir vers le barrage, passer à travers les turbines et être expulsés vers le large…
Rance Environnement constate que le mode opératoire initialement prévu prévoyait que les sédiments transitent via une barge et des canalisations flottantes pour expulser les sédiments dans des conditions contrôlées au plus près du barrage.
On a hélas pu constater que les sédiments étaient rejetés directement du navire dragueur à partir d’une position située au droit de l’anse de Troctin, donc à environ 900 mètres du barrage.
Les études de courantologie de la zone indiquent à cet endroit un courant laminaire relativement faible qui laisse supposer que la majorité des sédiments ne va pas atteindre le barrage et va donc se redéposer en amont du barrage…
Sollicitée, l’EPTB affirme que des capteurs judicieusement disposés vont permettre de vérifier que ce n’est pas le cas…
Bilan édifiant d'un plan quinquennal qui ne remplit que 13% des objectifs fixés
Le cumul des sédiments prélevés durant ces cinq ans s'élève donc à 32.200m3, au lieu des 250.000m3 prévus dans le plan initial.
Durant ces 5 années, l'estuaire a poursuivi sa lente agonie au rythme des 180.000m3 d'apports annuels de sédiments déposés dans la Rance.
Pour Rance Environnement
Le compte n’y est décidément pas et démontre une nouvelle fois la totale inefficacité de ce « plan quinquennal».
ALLER PLUS LOIN
➭Le rapport sur la Gestion sédimentaire de l'estuaire de la Rance
➭EDF teste un nouveau robot dragueur dans l'estuaire de la Rance
Photo: Rance Environnement