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Conférence à Dinard par Henri Fermin, Lorsqu'on allait à pied de Dinard à Jersey

Dinard

Historien et ancien directeur du musée de Dinard, Henri Fermin fait découvrir lors de ses conférences mensuelles le fruit de ses recherches.
> "Dinart avant Dinard, Lorsqu'on allait à pied de Dinard à Jersey"

A une certaine époque, la plupart des îles et rochers aujourd'hui visibles à marée basse au large de Dinard, faisaient partie de terres parcourues et exploitées par l'homme.

Cézembre n'était pas encore une île mais un large plateau dominant la mer au nord et de vastes prairies verdoyantes au sud.
On y cultivait la terre.
Des bêtes y étaient amenées en pâturage.
On s'y aventurait en empruntant des voies romaines dont certaines desservaient quelques villas aménagées sur ce sol aujourd'hui recouvert par la mer.

Cartes et textes anciens y font référence.
Les tempêtes et grandes marées du siècle dernier n'ont fait que renforcer la thèse d'un continent englouti: "Lors de la tempête de 1986, on a retrouvé sur la plage du Port Hue à Saint-Briac, de vieux troncs d'arbres plusieurs fois millénaires parmi les galets," explique Henri Fermin.

Le Mythe du cataclysme
Le premier a avoir popularisé le mythe de l'existence de ce continent englouti s'appelait l'Abbé Manet.
Selon cet historien du début du XIXe siècle, cette "Atlantide" de la Côte d'Emeraude aurait disparu il y a tout juste 1400 ans lors du terrible "cataclysme de 709". Cette année-là, selon lui, le sol de la baie se serait affaissé lors d'un raz-de-marée exceptionnel qui aurait out englouti sur son passage.

Les prés de Cézembre
Si la théorie de l'Abbé Manet a longtemps fait référence, elle est aujourd'hui très contestée.
Selon Henri Fermin, cette soi-disant forêt de Scissy évoquée au XIXe siècle n'aurait pas été subitement engloutie par la grande bleue.
Mais par une lente et progressive montée des eaux qui aurait fini par faire disparaître cette terre sur laquelle on pouvait encore en partie s'aventurer jusqu'au 15e siècle.

Comme l'attestent les plans cadastraux et les registres datant de cette époque, puisés auprès de L'Evêché et de la Sénéchaussée, "un particulier fut condamné pour avoir laissé échapper des bêtes dans les prés de Cézembre ou encore qu'il y eut un procès entre les duc et les évêques pour le partage de ces terres. Il semble aussi ressortir de ces écrits que la disparition totale à marée haute des prairies de Cézembre aurait eut lieu entre 1437 et 1486, époque à laquelle elles cessèrent d'être affermées.
Mais il semble bien qu'on pouvait toujours faire à pied le trajet entre Saint-Malo et Cézembre en 1568 puisqu'à cette date les receveurs faisaient encore charge de revenu des marais entre la ville et Cézembre, conclut Henri Fermin. Et dire que c'était il y a tout juste cinq siècles, Et dans 500 ans, jusqu'où ira la mer? On n'ose l'imaginer!"


Visuel:
> Carte de l'Abbé Manet, supposée représenter la baie avant l'an 709.