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Sols vivants ? La Fête du slip par Pascal L'Hermitte de la Ferme de la Moinerie

Un slip pour tester la qualité des sols agricoles.

Quand le slip est le héros d’une expérience agronomique des élèves du lycée agricole de Caulnes.
Un édito de Pascal L’Hermitte de la Ferme de la Moinerie

Le sol dit «vivant» regorge d’une incroyable et invisible population (micro-organismes, bactéries, champignons) qui fait sa fertilité et sa capacité à retenir l’eau.
Les nutriments absorbés par les plantes sont issus de la dégradation de la matière organique opérée par ces «habitants du dessous» dont les vers de terre «auxiliaires laboureurs» sont la partie visible.
C'est cet équilibre fragile qui fait qu'une culture sera plus ou moins réussie.

Un sol vivant pour retenir l'eau

Cette notion de sol vivant prend aussi toute son importance dans un contexte de manque d’eau et de cherté de l’énergie.
Un sol qui fonctionne mal sera déstructuré ce qui aura un impact direct sur la circulation de l’eau. Pour celle qui arrive du ciel, une bonne porosité est meilleure qu’un ruissellement source de pollution et d’inondations.
Quand l’eau du ciel est aux abonnés absents, (comme ce fut le cas en 2022 en Bretagne), la capacité du sol à stocker cette eau et sa circulation deviennent essentiels, comme la souplesse du sol qui favorise la descente des racines vers l’eau.

Un slip pour savoir si le sol est vivant ?

Un bon paysan observateur saura vous dire comment est son sol, mais il existe un autre moyen très ludique (et pudique) : le fameux test du slip en coton mené par Vincent Bouvier et ses élèves de BTS du lycée agricole de Caulnes sur plusieurs fermes, permet de comparer les niveaux de dégradation selon les types de cultures et les typologies des fermes.

L'expérience

Trois mois plus tard

Ils étaient blancs et sont devenus marrons après avoir été enterrés pendant plus de trois mois. Triste sort pour des slips en coton au destin bien improbable ! La couleur est ici un indicateur qui, couplé avec celui de la dégradation, nous indique tout simplement l’état microbiologique du sol.

La réserve en nourriture est caractérisée principalement par la matière organique : plus elle est élevée plus la vie du «dessous» sera dense et plus la plante aura de quoi se nourrir.
Un slip qui ressort bien dégradé est le signe d’un sol vivant riche en matière organique. A l’opposé des sols pauvres en matière organique ont une vie au ralenti : les slips ressortent presque intacts (vous pourriez les porter!).

Pour complexifier les choses
, comme faune et flore du sol sont adaptés au type de sol, d’un terrain à l’autre on ne retrouvera pas forcément les mêmes habitants : aussi les slips peuvent ressortir peu dégradés parce leur coton n’est pas du goût des composteurs vivants.

Si l’on résume : il faut entretenir et apporter de la matière organique pour nourrir le sol.

Un élevage nourricier des sols

D’où vient majoritairement cette matière organique?
La plus accessible est d’origine animale (déjections, en particulier fumiers et composts). La prairie qui reste en place plusieurs années est aussi de nature à la favoriser.
Dans un monde végan, et donc sans élevage, faute de prairies et de déjections animales, l’utilisation de la chimie (émettrice de Co2) serait décuplée pour nourrir sols et plantes.
En outre, un sol vivant riche en matière organique sera en capacité de retenir l’eau et de stocker le carbone : une garantie de plus contre les défis qui s’annoncent.

En conclusion

La perception de l’élevage ultra intensif avec ses effets pervers ne doit pas cacher celui plus vertueux de l’équilibre sol/animal/nourriture qui s’est construit depuis des millénaires.

Pascal L’Hermitte


La Ferme de la Moinerie sur AGENDAOU.fr

Publié le