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Réforme des retraites 2023, la réforme pour quoi au juste?

Les enjeux, les résistances -AGENDAOU

Suivant les programme de campagne du candidat Macron, mais pas ses promesses d'avant et d'après Second tour, le Gouvernement Borne après des mois de "consultations" sur une réforme aussi annoncée que redoutée, franchit le Rubicon.
Réforme indispensable pour le gouvernement et ses alliés afin de sauver le système, le projet présenté est pour les organisations syndicales sans fondements réels et présente un risque social majeur . 
On le voit en ce moment...

Qu'est-ce que ce fameux COR tout d'abord?

Depuis 2000, le Conseil d'orientation des retraites (COR), bien que rattaché aux services de Matignon, est l'instance officielle indépendante et pluraliste d'expertise et de concertation en charge de l'analyse et de la prospective sur le système de retraite français.

La loi assigne au Conseil des missions :

  • décrire les perspectives à moyen et long terme des régimes de retraite obligatoires au regard des évolutions économiques, sociales et démographiques ;
  • apprécier les conditions requises pour assurer la viabilité financière à terme de ces régimes ;
  • mener une réflexion sur le financement des régimes de retraite et en suivre l'évolution ;
  • suivre la situation des retraités, en portant une attention particulière aux différences entre les femmes et les hommes ;
  • produire, chaque année avant le 15 juin, un rapport annuel sur les évolutions et perspectives des retraites en France, fondé sur des indicateurs de suivi et de pilotage visant à mesurer l'adéquation du système à ses objectifs ;
  • participer à l'information sur le système de retraite et les effets des réformes conduites pour garantir son financement.

Ceci étant posé, que dit le dernier rapport?

Il faut rappeler que le rapport ne préconise rien, mais fait des analyses qui sont le fruit d'un consensus entre les différents experts issus d'organismes ou de partis divergents (syndicats patronaux et des salariés, membres du Sénat, de l'Assemblée... voir la liste).
Ces projections portent jusqu'en 2070... ce qu'il serait intéressant de corréler avec le risque que fait porter le réchauffement climatique sur la vie en générale.

Selon le Conseil, le système de retraite devrait enregistrer un excédent de 3,2 milliards en 2022, dans la continuité de celui de 2021 (900 millions d’euros). Cependant, dès cette année, les projections du COR font état d’un léger déficit du système de retraite. Ce déficit serait compris entre 0,5 et 0,8 point de produit intérieur brut (PIB) avant un retour à l'équilibre «vers le milieu des années 2030 ou 2040 » suivant les scénarios... rien d'insurmontable donc.
Il suffirait de prendre des mesures en faveur du travail des séniors -40% sont aujourd'hui au chômage au moment de prendre leur retraite- ou encore de faire participer un peu les revenus du capital -record de distribution de dividendes du CAC 40 cette année- pour renflouer les caisses et retrouver l'équilibre.

Par ailleurs, comme le montre ce graphique tiré du dernier rapport du COR, l'âge de départ à la retraite augmentera mécaniquement du
fait des réformes passées
pour atteindre près de 64 ans d'ici une dizaine d'années... justement le scénario de réforme présenté par Elisabeth Borne... alors à quoi bon?

La 1ère Ministre a également annoncé une revalorisation des petites pensions à 85% du SMIC pour les personnes ayant une carrière complète, ce qui était déjà prévu en 2003 lors de la réforme Fillon mais non aplliqué...[source], et la fin de certains régimes spéciaux pour les futurs recrutés (mais pas ceux des parlementaires...).
Les carrières longues disposeraient d'aménagements spécifiques leur garantissant une ouverture de droits sans dépasser 44 annuités.

Notons qu'alors que les règles du chômage seront durcies et les périodes de droits réduites fortement dès le 1er février, il y a de fortes interrogations sur l'allongement des fins de carrières pour les 900.000 français de plus de 50 ans qui pointent à Pôle emploi... Seront-ils condamnés au RSA? Allons-nous créer une période de misère avant la retraite?


➭ Voir le Diaporama du COR
➭ Voir l'historique des différentes réformes depuis 1982


Alors pourquoi cette réforme en force au moment où toute notre énergie devrait être accaparée par la lutte contre le réchauffement climatique ?

Deux possibilités:
1. L'envie pour le Président de marquer l'histoire, de se confronter à la rue pour montrer que lui, il ne cédera rien...
2. La volonté de faire des économies et des transferts pour réduire une dette publique qui a augmenté de 800 milliards depuis 2017 (près de 40%), en même temps que les dividendes des actionnaires.
Les actifs seraient ainsi les seuls à payer les pots cassés.

Les syndicats réunis dans la confrontation

Le monde syndical est à l'image du monde politique, souvent divisé.
Une telle union n'était plus arrivée depuis 2003 et la réforme Fillon.

Communiqué du 10 janvier

La Première Ministre a annoncé ce 10 janvier 2023 le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans avec une accélération de l’augmentation de la durée de cotisation.

Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et plus particulièrement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l'espérance de vie est inférieure au reste de la population, et celles et ceux dont la pénibilité des métiers n'est pas reconnue. Elle va aggraver la précarité de celles et ceux n’étant déjà plus en emploi avant leur retraite, et renforcer les inégalités femmes-hommes.

Le système de retraites par répartition n’est pas en danger, rien ne justifie une réforme aussi brutale.

Attachées à un meilleur partage des richesses, les organisations syndicales n’ont eu de cesse pendant la concertation avec le Gouvernement de proposer d’autres solutions de financement, à commencer par l’amélioration de l’emploi des seniors. Jamais le gouvernement, arcbouté sur son projet, ne les a étudiées sérieusement.
Suite à l’annonce de la réforme gouvernementale, toutes les organisations syndicales se sont immédiatement réunies pour construire une réponse commune de mobilisation interprofessionnelle.
Celle-ci prendra la forme d’une première journée de grèves et de manifestations le 19 janvier 2023.

Parce qu’elles représentent l’ensemble des travailleurs et des travailleuses, demandeurs et demandeuses d’emploi, et retraité.es, c’est cette date syndicale qui donne le départ d’une puissante mobilisation sur les retraites dans la durée.

Elles décident d’ores et déjà de se réunir le 19 janvier au soir avec les organisations de jeunesse pour prolonger le mouvement de mobilisation et convenir d’autres initiatives.

Les organisations syndicales appellent les salarié.es à se mobiliser fortement dès cette première journée dans l’ensemble du territoire et à participer aux différentes initiatives organisées en intersyndicale.

Communiqué du 16 mars après l'usage du 49.3

La formidable mobilisation sociale organisée par l’ensemble des organisations syndicales est engagée depuis le 19 janvier.
Depuis deux mois, ce sont des millions de travailleurs-euses, jeunes, retraité.es qui ont exprimé avec force et dignité leur refus d’un recul de l’âge légal à 64 ans et d’un allongement des trimestres de cotisation.
Ce mouvement social a fait la démonstration par les grèves dans tous les secteurs professionnels toujours mobilisés et les manifestations dans les grandes comme dans les petites localités du pays, que cette réforme des retraites était brutale, injuste et injustifiée pour l’ensemble du monde du travail.
Aujourd’hui, c’est ce mouvement social exemplaire qui démontre que le président de la République et son gouvernement sont en échec devant l’Assemblée nationale.
Au lieu de retirer leur projet, ils décident de passer en force en ayant recours au 49-3.
L’intersyndicale mesure avec gravité la responsabilité que porte l’exécutif dans la crise sociale et politique qui découle de cette décision, véritable déni de démocratie.
Forte du soutien de la grande majorité de la population, mobilisée depuis des semaines, l’intersyndicale continue à exiger le retrait de cette réforme en toute indépendance dans des actions calmes et déterminées. Elle décide de poursuivre la mobilisation et appelle à des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end et à une nouvelle grande journée de grèves et manifestations le jeudi 23 mars prochain.
Montreuil, le 16 mars 2023

Les principaux leaders de l'intersyndicale

Publié le , mis à jour