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Pollution, le plancton marin côtier a été bouleversé en seulement quelques décennies d'après les recherches de l'Ifremer

Prélèvement de 8 carottes de sédiments d’environ 3-4 m de long dans le zone du polder du port de Brest - 2017 Photo © Ifremer/ O. Dugornay - Article AGENDAOU

Bombardements de la seconde guerre mondiale, intrants chimiques, agriculture intensive : les scientifiques de l'Ifremer ont constaté leur impact sur le plancton marin côtier.

Les pollutions humaines modifient le plancton marin côtier

Les traces ADN des organismes vivants présentes dans les sédiments marins constituent une base d'informations.
Les résultats d'une étude réalisée en rade de Brest par les scientifiques de l'Ifremer croisent science et histoire: il apparaît que les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale et les effets de l'agriculture intensive ont modifié profondément la composition du plancton

Nous avons prélevé des carottes de sédiments de plusieurs mètres à bord du navire océanographique Thalia, en trois points de la rade de Brest.
Chaque carotte a été découpée le jour même, comme un saucisson, centimètre par centimètre, avec des extractions d’ADN à chaque tranche et d’infinies précautions pour ne pas contaminer nos échantillons avec de l’ADN contemporain lors des analyses,
Raffaele Siano, biologiste à l’Ifremer

Depuis 1400 ans, on n'observe aucune variation importante des espèces planctoniques sauf à partir de la Seconde Guerre mondiale et de manière encore plus marquée dès les années 1980 avec une abondance de microalgues toxiques, notamment le dinoflagellé Alexandrium minutum qui produit des toxines paralysantes.

La rade de Brest a été marquée par des événements de pollution extrêmes lors de la Deuxième Guerre mondiale, avec notamment les bombardements des Alliés, nous en avons retrouvé la trace avec de fortes teneurs de métaux lourds dans les couches de sédiments de l’époque.
Et depuis, la rade est le réceptacle d’une pollution chronique avec des contaminants issus notamment de l’agriculture intensive, c’est ce qu’on retrouve dans les sédiments plus récents des années 1980 et 1990.

Cette observation est une surprise pour les chercheurs:

On s’attendait à trouver un changement des communautés de microalgues sur les dernières décennies, mais pas forcément un changement aussi drastique en remontant jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale !

Ce changement du plancton marin côtier paraît irréversible car les communautés microbiennes de l’époque préindustrielle ont disparu.

La paléogénétique -étude de l'ADN ancien- est une première en France dans le milieu maritime et les écosystèmes côtiers.
Ces analyses rétrospectives par ADN ancien permettent d'étudier la réaction et la résilience des écosystèmes côtiers face aux impacts de l’homme.

Des informations plus complètes dans l'article paru dans la revue Current Biology


Philippe Le Roy

Publié le