Pêche Française, Bilan des stocks par L'Ifremer
A l'occasion du bilan annuel d'évaluation réalisée à l'échelle européenne, l’Ifremer a rendu son rapport concernant les populations de poissons pêchés en France hexagonale. Ce bilan 2024 pour montre que 58 % des volumes de poissons débarqués dans l’hexagone en 2023 proviennent de populations exploitées durablement (non surpêchées), contre 52 % en 2022. La «surpêche» concerne 19 % des volumes des débarquements, et 2 % proviennent de populations considérées comme «effondrées». Cependant ce bilan qui semble aller dans le bon sens mérite d'être nuancé.
Ce diagnostic général et le focus scientifique sur l'état des stocks de pêche hexagonale ont été présentés par Clara Ulrich, coordonnatrice des expertises halieutiques à L'Ifremer.
La Pêche Française en Chiffres
En 2023, la France a débarqué 320 000 tonnes de poissons, représentant 336 espèces différentes. Parmi celles-ci, 70 espèces sont jugées importantes à suivre, représentant 169 populations distinctes en fonction de leur zone géographique.
La méthodologie d'évaluation des stocks repose sur trois indicateurs clés :
- la pression de pêche (la part prélevée par la pêche)
- la biomasse (l’abondance des poissons adultes restant après la pêche)
- le recrutement (l’abondance annuelle de jeunes poissons). Tendances à la baisse par rapport aux années 80 ou 2000
Cette méthodologie permet de renseigner 135 populations sur les 169.
La pression de pêche est mesurée par le rendement maximum durable (MRD), un objectif mondial visant à éviter la surpêche.
13 espèces sont considérées comme "effondrées", c'est-à-dire en difficulté de reproduction, une situation écologiquement et économiquement préoccupante.
Évaluation des Stocks
En 2023, 58% des volumes débarqués dans l'hexagone proviennent de populations exploitées durablement, une amélioration par rapport aux années précédentes. Toutefois, ce chiffre reste en deçà des objectifs fixés.
2015 marque la fin de l’amélioration significative. Depuis, la part en vert n’a pas bougé. La part gris foncé -soit 20% des débarquements sur lesquels on a peu d'informations- non plus.
Espèces Bien Gérées et Espèces en Difficulté
Parmi les espèces bien gérées (en vert), on retrouve la coquille Saint-Jacques, le hareng, la baudroie, la raie fleurie, et le merlu (ce dernier est das le vert depuis longtemps mais le succès de sa reproduction est en baisse).
Élément inquiétant : seuls 16% des populations ont un recrutement à la hausse
Parmi les espèces reconstituables, pression de pêche modérée mais biomasse insuffisante, (en jaune), le thon rouge (peu de point de référence) et la sardine (biomasse qui ne se porte pas très bien, souffrance écologique et beaucoup d’impact sur les pêcheries françaises). Le bar après une période difficile, montre des signes de reprise.
Dans cette catégorie, les 2/3 des populations ont un recrutement plutôt en hausse. C'est un élément positif car si la pression de pêche reste modérée, les populations reviendront à moyen terme dans la catégorie de gestion durable.
Les espèces surpêchées (en rouge)
On y retrouve une espèce iconique, le maquereau, avec des conflits majeurs de gestion en Europe. Il remonte vers le nord en raison du réchauffement climatique où les pays d’Europe du nord ont augmenté leurs quotas de pêche. C'est une des espèces qui poser le plus de problème en 2025 pour les pêcheurs français.
Dans cette catégorie, le recrutement est en baisse.
Les populations effondrées (en noir)
On y retrouve 13 populations dont le merlu de Méditerranée et la sole de la Manche-est.
Le problème du recrutement
L'Ifremer a des informations disponibles sur la moitié du stock débarqué.
Or seulement 16% des populations en bon état présentent un recrutement globalement en hausse.
Dans la partie jaune, les 2/3 sont issus de populations dont le recrutement est plutôt en hausse. Si la pression de pêche reste modérée, ces populations pourront glisser vers le vert.
En revanche, en zone rouge, les indicateurs de recrutement sont très pessimistes. Limiter la surpêche reste un enjeu majeur.
Focus sur 4 populations
- Le poulpe
Il a fait une arrivée massive dans le golfe de Gascogne en 2023 (ça avait déjà été le cas en 1830 et en 1930). Il meurt lorsqu’il s’est reproduit. Il reste historiquement 3 ou 4 ans dans les eaux.
Lorsqu’il est arrivée en 2023, une gestion adaptative de limitation de pêche a été mise en place pour qu’il ait est le temps de se reproduire et reste plus durablement dans les eaux. Il présente une très forte valeur commerciale. - La sardine
Espèce en souffrance climatique. Depuis quelques années, L’Ifremer accompagne les filières de pêche et les conserveries pour imaginer une pêche durable sur la sardine alors même que l’espèce est différente de ce qu’on a connu par le passé. En effet, il faut qu’elle soit suffisamment grasse et grosse pour qu’elle puisse se conserver en boîte. - Sole de Manche-est
En situation critique malgré des efforts de gestion stricts. Or ce poisson des habitats côtier est en danger de recrutement. L'explication serait des conditions dégradées de son environnement : pollution, augmentation des températures… - Dorade de Méditerranée.
Peu de connaissances de cette espèce emblématique de la pêche côtière française (5% des débarquements). Elle fait l'objet d'un suivi par émetteur acoustique pour comprendre ses déplacements et assurer une pêche durable.
Conclusion
Le bilan de la pêche française en 2023 révèle des progrès mais aussi des défis persistants. Une gestion adaptative et des efforts continus sont nécessaires pour assurer la durabilité des ressources halieutiques. L'Ifremer poursuit ses recherches pour mieux comprendre et protéger les populations de poissons. Les défis de la pêche française soulignent l'importance d'une gestion durable et informée des ressources marines.
Visuels et infographies IFREMER