AGENDAOU.fr Vivre en Rance-Émeraude
  1. Agendaou
  2. Actu
  3. Brèves

Le Volume de Pêche durable en légère progression, mais...

Visuel Ifremer

En 2022, en France hexagonale, 56% des volumes de poissons débarqués provenaient de populations exploitées durablement (54% en 2021 et 18% en 2000). C’est le constat dressé par l’Ifremer qui note une légère amélioration même si la situation reste contrastée selon les côtes.

56% des volumes de poissons de pêche durable, une surpêche qui touche 20% des volumes des débarquements et 2% provenant de populations dites «effondrées», on est encore loin de l’objectif de 100 % des populations pêchées au niveau du rendement maximum durable (RMD) fixé par la Politique commune de la pêche.

L'évolution des volumes de pêche en France hexagonale

  • 347 000 tonnes de poissons débarqués en 2022
  • 325 000 tonnes par an environ pour la période 2019-2021
  • 400 000 tonnes annuelles entre 2010 et 2018

Zoom par zones géographiques

  • En mer du Nord et à l’Est de la Manche
    Plus de 63% des volumes de poissons débarqués en 2022 proviennent de populations en bon état (65 % en 2021, 21 % en 2010), des résultats dus aux harengs et aux coquilles Saint-Jacques (ces deux espèces représentent plus de la moitié des débarquements).
  • Dans l’ouest de la Manche et en mer Celtique
    50% en 2022 proviennent de population en bon état (45 % en 2021 et 33 % en 2010) avec en tête la coquille Saint-Jacques, la baudroie et le merlu européen.
    Volume total des débarquements 133 000 tonnes en 2022 (140 000 tonnes en 2021).
  • Golfe de Gascogne
    77 000 tonnes de poissons débarqués avec une baisse de la part de poissons issus de populations en bon état : moins de 37 % en 2022, 36 % en 2021 et 44 % en 2010. La population de merlu européen est la plus exploitée en volume; la sardine est surpêchée et dégradée. La population de lieu jaune est aujourd’hui classée comme reconstituable.
  • En Méditerranée
    Volume total des débarquements stable avec 18 000 tonnes en 2022.
    Seuls 2,5 % des volumes de poissons débarqués sont issus de populations en bon état (rouget de vase du golfe du Lion - contre 2,4 % en 2021 et 0% en 2010).
    34 % sont néanmoins issus de populations reconstituables ou en voie de reconstitution (comme le thon rouge = 30 % des volumes débarqués) ce qui porte la part des volumes de poissons exploités durablement à 36,5 %.
    54 % des débarquements sont issus de populations de poissons qui ne sont pas évaluées (dont le poulpe, le maquereau et la dorade royale).

Renouvellement fragilisé

L’un des facteurs essentiels de la durabilité repose sur la capacité des populations de poissons à se renouveler.
Pour cela, il faut non seulement que les adultes participent à la reproduction en proportion suffisante, mais aussi que les jeunes survivent jusqu’à un âge où ils pourront eux-mêmes se reproduire.
Or dans le milieu naturel, on estime qu’environ seul un œuf sur 100.000 survivra jusqu’à devenir un poisson adulte.
Clara Ulrich, coordinatrice des expertises halieutiques à l’Ifremer

Même avec une exploitation durable, de nombreuses populations restent fragiles. Chez les espèces au cycle de vie court, comme la sardine, les populations peuvent varier fortement et rapidement. Une baisse du succès de la reproduction peut rapidement empêcher le renouvellement de la population adulte avec le risque d’une baisse importante de sa biomasse, voire de son effondrement.

Les œufs et les larves impactés par le changement climatique

Pour que la pêche soit durable, il faudrait non seulement atteindre l’objectif de 100% des populations de poissons en bon état mais aussi s’y maintenir sur le long terme.
Pour cela, il faut considérer et mieux comprendre les facteurs qui influencent le développement des œufs et des larves de poissons, en particulier avec le changement climatique,
Clara Ulrich

Les taux de survie des œufs et larves de poissons sont impactés par de nombreux facteurs : prédation naturelle ou humaine (destruction des habitats côtiers, pollutions...), conditions environnementales défavorables à la survie des larves de poissons.
Le hareng de mer du Nord, important économiquement en Europe du Nord (25 % des débarquements de mer du Nord en France en 2022), pourtant exploité durablement depuis 25 ans, voit de manière assez inexplicable sa biomasse peu augmenter depuis 2010.
Une observation de 2023 menée par L’Ifremer montre que les pics d'abondance de larves de harengs en Manche orientale et dans le sud de la mer du Nord ne sont plus synchronisés avec les efflorescences de zooplancton, leur principale source de nourriture.
Le renouvellement de la population s'en trouve affecté.

Visuels et infographies Ifremer

Publié le