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Le Haut Conseil Breton pour le Climat (HCBC) publie son rapport annuel sur le changement climatique en Bretagne #2023

L'Ïle Tudy , un coin de paradis menacé par le changement climatique

Le HCBC présente pour la seconde année ses travaux dans un document dressant le bilan d’une année 2023 record en Bretagne.
Nous reprenons ici in extenso certains points.
Vous trouverez en bas d'article un lien vous permettant de consulter le rapport dans sa totalité.

Après deux années d’existence, le Haut Conseil Breton pour le Climat (HCBC) a trouvé son rythme de croisière et lancé ses principaux chantiers.
Le premier Forum Climat et Territoires organisé à Lorient en juin 2023 a été un succès et celui qui se profile à Brest au mois de mai s’inscrit déjà dans le calendrier des manifestations régionales incontournables sur la question du changement climatique.
Le HCBC a également produit trois avis sur les politiques publiques régionales et sera prochainement doté d’un nouveau site web qui donnera plus de visibilité aux recherches sur le changement climatique en Bretagne. [...]
L’année 2023 aura fait jeu égal avec 2022 en Bretagne en termes de température moyenne. Si l’été 2023 est resté dans les normes, des records de températures ont été battus en juin, septembre et octobre, montrant la diversité des formes que peut revêtir le changement climatique dans notre région :
cœur de l’été plus intense comme en 2022 ou une saison chaude plus longue parce que plus précoce et plus tardive en 2023. Les tempêtes et les fortes pluies de l’automne sont venues rappeler la multiplicité des aléas (et pas seulement les vagues de chaleur) auxquels nous serons confrontés à l’avenir.
Pour faire face à tous ces changements, la mobilisation de tous les acteurs est plus que jamais une impérieuse nécessité !
Les membres du HCBC

Des Plans Climat Air-Energie Territoriaux (PCAET) toujours sous dimensionnés

Le PCAET est un outil obligatoire pour l’ensemble des inter-communalités (EPCI) de plus de 20.000 habitants.
C'est le fer de lance territorial de la lutte contre le réchauffement climatique. Il doit permettre aux collectivités d’aborder l’ensemble de la problématique « air, énergie, climat » sur leur territoire.
En 2023, 30 EPCI sur 49 éligibles ont adopté leur PCAET sur l’ensemble de la région.

Le recensement des actions d’adaptation dans les PCAET (cliquez sur la carte) montre des mesures assez diversifiées avec une prise en compte très hétérogène de l’adaptation, allant de 3% dans certains programmes d’actions à 32% dans d’autres documents, bien en-deçà des mesures d’atténuation des émissions.
BONNINGUES Servane, Mémoire Master 2 : Université Rennes 2, novembre 2023

Le littoral breton doit pourtant faire face à une érosion marine grandissante

Le littoral breton ne sera pas épargné par le changement climatique comme en témoignent les fortes températures observées au cours de l’été 2022. Certes, il demeurera plus frais en été que l’intérieur de la région mais la hausse des températures sera sensible en toutes saisons et le contraste pluviométrique saisonnier (plus de pluies l’hiver, moins l’été) bien marqué.

Le changement climatique génère des tempêtes plus fréquentes.
Une atmosphère plus chaude peut contenir plus d’eau (+7% d’humidité pour chaque degré supplémentaire), donc potentiellement susceptible de générer des évènements de plus forte intensité.
Alors que la Bretagne subissait une tempête majeure par décennie, on en a dénombré trois ces 7 dernières années (Cf carte)
Ces tempêtes créent des trains de houle avec des vagues de déferlement et des surcotes liées aux basses pressions qui érodent les côtes et fragilisent les digues. La conjonction avec de forts coefficients de marée (par exemple 1,5m de surcote à Brest lors du passage de Ciaran) rend aussi plus difficile l’évacuation des eaux de crue consécutives aux fortes précipitations qui accompagnent généralement le passage des dépressions.

Au total, malgré les incertitudes qui pèsent sur l’évolution future de ces aléas tempétueux, la forte exposition et la forte vulnérabilité de nos littoraux au changement climatique sont bien établies et ces effets ne pourront donc que s’aggraver avec la remontée du niveau des mers.

A l'image de la côte Est de la Grande-Bretagne qui vit une érosion 10 fois plus rapide que par le passé, la Bretagne est particulièrement concernée par les dangers que la montée des eaux, le recul du trait de côte et l’acidification des océans, font peser sur les littoraux.
L' enjeu de l’adaptation de notre littoral à tous ces changements est essentiel.

Sur 2000 km de côtes non artificialisées, 400 km sont en recul avec localement des vitesses supérieures à 0,5 m par an. [...]
Cela dit, plus la mer montera, plus la terre reculera, c’est mathématique, et les conséquences du changement climatique sont à venir.
Verra-t-on les plages de sable disparaître en Bretagne comme ailleurs?
Cette question posée par la communauté scientifique illustre bien les enjeux non seulement à s’adapter aux conséquences du changement climatique mais aussi à en limiter l’amplitude.

Le niveau de la mer va monter dans le futur, c’est inéluctable. Les données paléoclimatiques permettent de mettre en perspective les évolutions en cours.
Ainsi, il faut remonter à 3 millions d’années pour avoir une température globale de 3°C de plus que l’actuelle et le niveau de la mer était alors jusqu'à 25 mètres plus élevé que maintenant!

La fonte de toutes les glaces continentales permanentes correspondrait à une montée du niveau de la mer de 65 mètres comme il y a 100 millions d’années, au temps des dinosaures.

A moyenne échéance, dans un scénario où les émissions continueraient à augmenter rapidement, le niveau de +2 m pourrait être atteint peu après 2150. Dans son dernier rapport, le GIEC rappelle même qu’on ne peut exclure une fonte encore plus accélérée, un scénario incertain mais physiquement plausible qui conduirait à une hausse de +2 m dès 2100 !

Tout en détaillant ces processus, le rapport du HCBC donne des pistes pour s'adapter "à un littoral en mouvement"

En termes d’aménagements du littoral face au  changement climatique, on peut définir la maladaptation comme un ensemble de fausses bonnes idées.
Par exemple, construire une digue pour protéger des habitations ne fait finalement qu’accroître le niveau de vulnérabilité des populations installées à l’arrière. Ce type d’aménagement peut en outre interagir avec la dynamique côtière en perturbant le transit sédimentaire et en accentuant par endroit le pouvoir d’érosion des vagues.

Les politiques publiques et les zones inconstructibles à Saint-Malo notamment

La Région élabore le Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) relative à l’adaptation, qui s’impose aux documents de planification locaux : elle y introduit la nécessaire référence à un horizon de 30 ans et 100 ans pour identifier les espaces littoraux exposés au recul du trait de côte via la submersion ou l’érosion.
Le plan de prévention des risques de submersion (PPRSM) de Saint-Malo, approuvé le 8  juillet 2017, a déclaré inconstructible le  Sillon et certains quartiers de l'ancienne Mer Intérieure.


LIRE LE RAPPORT DU HCBC


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