La galerie Totem accueille à Dinard Sylvie HERPAIN et Lin Chi-Yi
Dinard
«Les poses» de Sylvie HERPAIN
C'est dans les jeux d'ombre et de lumière que le trait, lâché sous les doigts de Sylvie Herpain parcourt le papier avec légèreté . A son passage s'allument, ici une ligne, là un visage, ailleurs une main, puis un corps qui s'éclaire, ainsi la page entière .
Mais déjà, les plages de lumière à peine surgies de la caresse du pastel, ne sont plus que la trace éclatante et fragile de son passage, car nul détail ne l'arrête : le trait est déjà à mille lieues, il ne terminera jamais sa course infinie.
Matisse, années 30, Moulin Rouge, Rêves d'Orient, Ballets Russes, Toulouse-Lautrec. On retrouve cette manière forte de travailler la couleur, en puissance et en profondeur. Le rouge sang est souvent présent, souligné par l'indigo ou par une lumière orange ou jaune, chaude et filtrée.
Les œuvres présentes ici en restent un vibrant témoignage .
Parcours
1981 Cours de dessin méthode Martenot
1985 1ère exposition en Nouvelle Calédonie (dessin choisi pour l'affiche de l'exposition)
1990/1993 Ecole Esmod
1995 Cours du soir Ecole des Beaux-Arts, Paris
croquis modèles vivants (fusain, sanguine, crayon)
Depuis 2010 Cours de dessin avec Joël POMMOT à Paris
«Les mots de la lune» de LIN Chi-Yi
"Écrivant l'idée", la peinture des lettrés chinois livre d'emblée son univers. La calligraphie, elle, s'armant d'abstraction, déploie le langage dans l'espace; le regard tendu vers le possible, elle explore les territoires de la pensée et dans l'encre projette l'idée. Ce que Paul Valéry nous dit de la poésie captivant l'oreille, ne craignons pas de l'entendre à propos de la calligraphie: "la calligraphie, un art de contraindre continûment le langage à intéresser immédiatement l'œil". Le propre de la calligraphie résidant dans le souffle, le geste qui s'effectue dans la singularité de son rythme, ce n'est pas l'œuvre terminée qui présente le plus grand intérêt; l'œuvre n'est d'ailleurs jamais terminée, elle se goûte dans sa qualité d'impermanence. La trace garde toutefois la marque éphémère du tracé pour offrir la beauté en partage.
Mettons nos pas dans ceux du calligraphe, avec lui parcourons la Promenade du Clair de lune. Comme deux personnes éloignées regardant la lune un même soir en viennent à s'immerger dans un sentiment commun, recevoir la calligraphie permet à l'œil intérieur de reconnaître la vision première et l'élan du calligraphe et de partager ce moment d'émotion. La tradition chinoise parle des poètes comme d'Immortels exilés rêvant de leur pays natal, tournés vers la lune compatissante ou moqueuse, combien trompeuse mais complice toujours de leur humeur vagabonde.
Lin Chi-yi nous invite à ce voyage:
Reflet de lune marine en compagnie de ZHANG Jiu-ling
" Au ras de la mer surgit le clair de lune;
ne pouvant de mes mains offrir un tel cadeau,
Je m'en vais dessiner l'ombre de la lune
dans l'attente de celui qui ressent l'émotion.
LIN Chi-yi , né en Chine, réside à Nice depuis une trentaine d'années. Il mène parallèlement les activités de traduction et de calligraphie. Il anime des ateliers de connaissance de la Chine pour scolaires ou tout public, avec présentations et démonstrations d'écriture idéographique et de calligraphie dans le cadre de médiathèques ou du Musée des Arts Asiatiques (notamment dans le programme "Gestes d'Asie"). Pour "faire de sa vie une œuvre de loisir", il ne néglige rien de ce qui constitue l'univers de l'écriture et du signe: conception et gravure de sceaux, marouflage des œuvres, collages, créations à partir de matériaux divers, des fossiles au bois flotté ou au papier mâché, logos publicitaires, spectacles musicaux, etc. Il a aussi réalisé de nombreux tableaux en participation à des expositions pédagogiques (les écritures, les calendriers dans le monde et autres thèmes). Ses champs d'intérêt sont dans l'archéologie, la redécouverte et l'interprétation de l'histoire à chaque époque. Il s'applique à mettre en évidence la permanence d'une tradition dans la modernité de l'expression.