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Ifremer, Pourquoi les jeunes bars femelles deviennent mâles

Un an d'expérimentation pour comprendre les mécanismes de la masculinisation des juvéniles de bars © Ifremer

Chez les jeunes bars, il est fréquent qu'une femelle se masculinise. Dans une expérience menée sur 2200 individus, l'Ifremer a mis en relief les mécanismes de cette réversion sexuelle liée à la température de l’eau. Des études qui abordent aussi les conséquences possibles en milieu naturel dans le contexte des changements climatiques.

Contrairement aux mammifères et aux oiseaux dont le sexe est déterminé lors de la fécondation, celui des poissons peut varier dans les premiers stades de vie. Il arrive alors couramment qu'une femelle devienne mâle. Ce changement est provoqué par des facteurs environnementaux, la température, l'acidité de l’eau et densité de population.

On sait qu'une température plus élevée accroît la masculinisation des poissons.
L'explication génétique vient d'être avancée dans un article scientifique publié dans la revue PNAS: un gène clef s’exprime davantage aux températures plus élevées.

Nous avons pu déceler que 25% (des 2200 individus étudiés) avaient une orientation génétique femelle plus faible. Ce sont eux qui se masculinisent aux températures élevées dans les premiers mois de leur existence,
Benjamin Geffroy, chercheur en physiologie-écologie au laboratoire Ifremer de Palavas-les-Flots

Une expérimentation menée pendant 1 an à l’Ifremer de Palavas-les-Flots, montre que les bassins à 16°C comptent 50% de mâles, contre 75% dans ceux à 21°C.
Deux autres critères interviennent pour les femelles : la faible densité d’élevage et la domestication. On constate qu'une génération déjà sélectionnée plusieurs fois pour la croissance produit plus de femelles.

Ces résultats attirent l'attention sur le risque pour la pérennité de l'espèce en milieu naturel dans un contexte où le réchauffement des eaux entrainerait une diminution du taux de femelles.

Des données pour les élevages piscicoles
Ces résultats sont importants pour la filière piscicole française spécialisée sur la production de juvéniles de bars. Les femelles bars ont la préférence des producteurs car elles présentent un taux de croissance 30% supérieur à celui des mâles à nourriture équivalente.


Les résultats présentés ont été obtenus dans le cadre du projet 3S (Seabass, sex and stress) mené par l’Ifremer en partenariat avec le Sysaaf. Il a commencé en Janvier 2018 et s’est terminé cet été et il est soutenu par le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP).

Publié le