Festival International de Musique de Dinard 2023, Finale Concours Pianistes Amateurs et Récital Collard
Dinard
34e édition du 13 au 18 juillet 2023
➭ Directrice Artistique du Festival > Claire-Marie Le Guay
Finale du Concours international pour les pianistes amateurs suivie d’un Récital de Jean-Philippe Collard
En + Le OFF: Les 15 et 16 juillet, le jeune danseur Léo Merrien improvisera, accompagné de la violoniste Marie-Astrid Hulot, dans des lieux insolites de la Dinard.
MEMBRES DU JURY
Jean-Philippe COLLARD > Pianiste concertiste, Président du jury
Claire-Marie LE GUAY > Pianiste concertiste, Directrice artistique du Festival
Émilie MUNERA > Musicologue, Journaliste et Productrice à France Musique
Vincent REMY > Journaliste et Auteur, Rédacteur en chef à Télérama
Pour cette troisième édition du Concours international pour les Pianistes Amateurs, le Festival se réjouit d’accueillir Jean-Philippe Collard. Il sera Président du Jury, un rôle qui lui tient d’autant plus à cœur qu’il apprécie et soutient avec enthousiasme les musiciens «amateurs».
“Amateur”… donc, “amour”… Un concours d’amateur n’est pas une compétition, c’est la plus belle des manières de faire de la musique. Nous, professionnels, sommes un peu enfermés dans notre métier avec l’obligation de nous maintenir à un très haut niveau. La pratique amateur nous est interdite au sens où l’on refrène trop souvent de la jouissance de découvrir des partitions, de les aborder “légèrement” puisque la finalité de notre travail se révèle sur scène. J’ai de la nostalgie pour cet amour de la légèreté. Je suis certes Président du jury, mais je suis d’abord un musicien et un auditeur très attentif à ce que j’écouterai. Je me réjouis d’un jury si convivial. Qui plus est, il y aura le plaisir de découvrir de véritables talents et de donner quelques conseils aux participants.
À l’issue de la finale du concours, Jean-Philippe Collard donnera un récital. Une occasion rêvée d’entendre l’un des grands artistes d’aujourd’hui dans des œuvres emblématiques de son répertoire et de l’univers romantique. ENTRETIEN
Quel serait le lien artistique qui unit les œuvres de ces trois compositeurs?
Avant tout la mélodie souveraine, l’art du chant ! Les trois compositeurs eurent pour priorité la conduite du son et la projection de celui-ci. L’accompagnement de la main gauche assure la différence, c’est-à-dire qu’il suggère ce que la main droite doit nous dire. Dans tous les cas, il s’agit de dialogues.
Vous interprétez la troisième Barcarolle de Fauré dont le titre évoque la mélodie vénitienne…
La mélodie est constante, le propos est “liquide”, coule de source si je puis dire, du haut en bas du clavier. Nous sommes encore loin de la complexité harmonique des dernières oeuvres de Fauré.
Quatre mouvements dont un scherzo curieusement placé en deuxième position, une marche funèbre et un finale de 77 mesures, pièce presque atonale, composent la Sonate n°2 de Chopin. Comment créer une unité dans cette oeuvre pour le moins stupéfiante d’originalité?
Ne nous faisons pas d’illusion : nous ne ferons jamais de cette partition, un chef-d’œuvre d’architecture! Pour être provocateur, je pourrais même parler de quatre pièces distinctes qui furent ainsi assemblées. Cette sonate hors-norme, d’une singularité inouïe, est parsemée de coups de génie.
Avec l’Étude et le Nocturne pour la main gauche de Scriabine, on perçoit encore l’influence de Chopin. Pour autant, n’avez-vous pas le sentiment que l’expression et le chant s’ouvrent sur un espace immense?
Il est clair que dans les pièces de Scriabine, on “s’envole” vers d’autres paysages sans que les sentiments ne perdent en intensité. Et pour l’auditeur, le Nocturne pour la main gauche apparaît stupéfiant. Il s’agit d’un exploit de composition, assurément, car les deux voix distinguent parfaitement le chant. Il faut restituer l’illusion des deux mains. Mais, après tout, le piano est, par définition, l’instrument de l’illusion.