Agriculture et Libre échange, l'Edito de Pascal L'Hermitte, la Ferme de la Moinerie
Cette semaine, dans son édito, Pascal L'Hermitte (la Ferme de la Moinerie) partage avec nous ses questionnements et son décryptage autour des Traités de Libre Échange.
Gueule de bois au salon ou les traités vu de chez nous
Les visites au salon de l’agriculture laissent parfois des souvenirs de gueule de bois si l’on abuse trop des bons produits de terroirs liquides et alcoolisés. Cette année même pas besoin de breuvages pour arriver aux maux de crânes. Les problématiques agricoles diverses et variées ont bien abreuvé les commentateurs, jusqu’à saouler?
On l’a dit on l’a vu, il y a des colères chez les paysans, mais que c’est compliqué de discerner les attentes tant elles sont parfois contradictoires. Il est évident que des modèles s’opposent, que le court terme concurrence le long terme et que les appétits des uns ne sont pas les valeurs des autres.
Le sujet est compliqué, il faut être admiratif des personnes qui ont des solutions miracles (ou simplistes) à des problématiques qui questionnent les fondements de nos sociétés mais au fait, quelles sont les questions posées?
Ici et vu d’ici, nous allons tenter d’apporter des questions aux réponses afin de remettre les choses en perspective.
Se poser les bonnes questions aide à trouver les bonnes réponses.
Pour commencer la série, cette semaine nous allons voyager...
Les Traités de libre échange
JEFTA, MERCOSUR, CETA, TAFKA etc, -Il manque Kafka au programme!- les traités de libre échange sont-ils responsables de tous nos maux?
Peut-être faut-il rappeler de quoi il s’agit?
Un traité de libre-échange permet de favoriser l’échange commercial entre deux pays (ou ensemble de pays) en facilitant l’accès aux marchés des signataires. Les droits de douanes sont minorés, les transactions facilitées, des quotas peuvent le cas échéant être mis en place sur certains produits et les démarches de qualité reconnues par les partenaires quand certains produits ne sont pas exclus du marché pour raisons règlementaires (pesticides interdits ou hormones de croissances par exemple).
Chaque traité est discuté et trituré, les négociations durent souvent plusieurs années. Le principe de base d’un traité repose sur le gagnant-gagnant mais y a -t-il des perdants-perdants?
Si l’Europe retirait l’agriculture des traités, les paysans seraient-ils mieux payés? Quelles conséquences pour le panier de ménagère?
Les poulets nourris au Brésil par une filiale du groupe Avril et envoyés à vils prix en France seraient-ils concernés par un tel protectionnisme?
Un traité vient d’être signé avec le Kenya, les fleurs et haricots verts vont être plus facilement commercialisés en Europe : chouette pour garantir la disponibilité de ces produits toute l’année? et tout bon pour les nombreux investisseurs Européens présents dans ce pays?
Dans certains cas, l’importation de produits agricoles sécurise l’accès à des métaux rares comme avec cet autre projet de traité avec le Chili qui inclut son lithium, indispensable?
Une dernière question fondamentale: Les objectifs environnementaux sont-ils compatibles avec les traités?
On arrête ici la liste, à vous de cogiter. La prochaine fois au rendez-vous: c’est lourd, c’est énorme ce sont les normes que nous raconterons.
Pascal L'Hermitte
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